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Alcool et Convivialité

Ancrage sociétal de l'alcool-convivialité

En Belgique, les occasions d’associer alcool et convivialité sont nombreuses. Que ce soit autour d’un événement familial, à la buvette du club ou en soirées, la plupart des personnes qui consomment recherchent à créer une ambiance sympathique. Il est vrai que l'alcool peut avoir des effets excitants, euphorisants, désinhibants et faciliter les contacts. Néanmoins il faut garder à l’esprit que ce n’est pas l’alcool qui crée l'ambiance, mais bien les personnes présentes.

Une observation intéressante fut menée à ce sujet à la Katholieke Universiteit Leuven (KUL) en mars 2012. Des étudiants ont organisé une fête où la bière était servie gratuitement. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que la bière gracieusement offerte toute la soirée était sans alcool et qu’ils participaient à une expérience menée par l’association pour les problèmes d’alcool et de drogue (Vereniging voor Alcohol en andere Drugproblemen – VAD)[1]

Thomas Devroe, du cercle étudiant Ekonomika de la KUL, témoigne : «Le plus marrant c’est que de nombreux étudiants ne se sont rendus compte de rien et ont réagi avec étonnement quand on leur a révélé qu’ils n’avaient bu que de la bière sans alcool » [1]

Dans notre société, notre culture, la présence de bière ou de vin est banalisée lors des repas, des soirées, des fêtes, etc. Plus encore la consommation sociale se teinte de conformisme : je bois pour signifier aux autres que je partage la convivialité, que « je suis dans le coup ». Au point où un refus de consommation peut être interprété comme un refus de convivialité.

Cette association alcool-convivialité devient plus délicate encore quand l‘alcool devient le centre de la fête et non plus une de ses composantes. Comme le soulignait Martin de Duve (directeur de Univers Santé) en 2013 : « On ne se dit plus ‘Je vais passer une bonne soirée et peut-être que je vais boire un peu trop’ ; mais plutôt ‘Je vais boire trop, donc je passerai une bonne soirée’ »[2]

Publicité, alcool et convivialité

Pour renforcer cette représentation conviviale de l’alcool, les publicitaires font preuve d’imagination. Parmi les nombreuses techniques éprouvées, le sponsoring d’événements estudiantins et populaires est une façon d’associer plus étroitement encore la boisson aux festivités. Exemple récent : les « Apéros Urbains » à Bruxelles : un moment après le boulot en été pour aller boire un verre « en famille », associé ici à des jeux pour enfants, là à des animations musicales… Sous prétexte de se détendre, de se lier avec d’autres, de sortir les enfants, tout est invitation à boire.[2]

Régulièrement, les publicitaires lancent également des campagnes très ciblées. En janvier 2016, de nombreux étudiants de Louvain-la-Neuve ont ainsi reçu une "carte de vœux" d'un célèbre brasseur. "Notre première bonne résolution est d’offrir plus de tournées", explique la carte. Elle est accompagnée d’un bon qui donne droit à 6 bières gratuites. Pour Antoine Grégoire, coprésident de l’assemblée générale des étudiants de Louvain-la-Neuve, " les gros alcooliers mènent des campagnes de plus en plus intrusives, de plus en plus agressives, en dépensant énormément de moyens pour essayer de fidéliser les étudiants à la consommation d’alcool"[3]

Pour que la soirée reste un plaisir

Si les effets de l’alcool (détente, euphorie, désinhibition …) peuvent faciliter les contacts et une atmosphère conviviale, ils peuvent tout aussi facilement « plomber l’ambiance ».

En effet il n’est pas rare qu’une personne ivre parte dans une complainte interminable, sans se soucier de savoir si cela vous intéresse ; ou se vante, "résolvant" au passage tous les problèmes du monde ; ou devienne irritable, voire agressive ; ou encore qu’elle raconte des blagues sans esprit comique, avec une surestimation de son propre talent "humoristique" ; voire qu’elle se montre indiscrète et manifeste d'autres attitudes importunes. Enfin, il arrive aussi qu’une personne ivre ait perdu tout contact avec la réalité et s'obstine à vouloir prendre le volant.

Vouloir se retrouver ensemble, dans une ambiance agréable, est bien légitime. Si l’alcool est une façon parmi d’autres de faciliter cette convivialité, il n’en comporte pas moins des risques. A chacun d’en mesurer les effets pour ne pas faire le « trouble fête » de la soirée

Pour en savoir plus sur la répercussion de l'alcool sur le plan social

Pour que votre sortie en soirée reste un plaisir, voici quelques conseils :

  • Prévoir à l'avance une personne qui reconduira les autres et restera sobre toute la nuit. Pour en savoir plus sur la répercussion de l'alcool sur la conduite
  • Dans la mesure où l’alcool déshydrate, alterner régulièrement la consommation avec des softs ou de l'eau.
  • Penser à vous alimenter avant de sortir en soirée. En effet, l’estomac vide, les effets de l’alcool sont accélérés.
  • Etre prudent avec les « boosters », les boisons énergisantes et les drogues qui entraînent une dangereuse déshydratation de l’organisme. Cette consommation conjuguée à l’alcool, dans une salle bondée et à la danse bien rythmée, crée un risque de surchauffe du corps. Aménager des moments de pause dans un espace aéré et boire régulièrement de l’eau aide à prévenir ce « coup de chaleur ». Pour en savoir plus sur le coup de chaleur
  • Prévoir des moments de récupération après une soirée.

Sur le site d’Univers Santé vous pouvez télécharger « l’effectomètre » (cliquez ici). Cet outil décrit les différents stades de consommation d’alcool, et propose quelques conseils bien utiles afin de permettre de poursuivre la fête jusqu’au bout de la nuit.

[1] Le soir on-line 22/03/2012 http://www.lesoir.be/71069/article/styles/air-du-temps/2012-08-28/l%E2%80%99effet-placebo-d%E2%80%99une-f%C3%AAte-sans-alcool.

[2] Christine Steinbach- Article paru dans la revue Contrastes de Équipes Populaires, « Alcool et jeunes : opération séduction », numéro 157 de juillet-août 2013.

[3] http://www.rtl.be/info/belgique/societe/cette-pub-pour-jupiler-fait-polemique-des-campagnes-de-plus-en-plus-intrusives-et-agressives--784649.aspx.

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