Informations pour les partenaires

Cohabiter avec un.e partenaire qui consomme de l'alcool en excès peut être très difficile et émotionnellement douloureux. Il est possible que vous observiez depuis longtemps déjà des signaux indiquant que votre partenaire a un problème avec l'alcool, mais il est également possible que vous n'ayez rien remarqué, ou que vous pensiez exagérer…

En savoir plus sur les signaux d'une consommation problématique par des partenaires

Toute relation de couple est différente et il nous est donc évidemment impossible d'aborder ici tous les problèmes et effets possibles. Néanmoins, nous vous livrons ci-après quelques indications que vous pouvez prendre en considération : 

  1. Les conséquences de la présence de l'alcool dans le couple 

  

La culpabilité et la responsabilité

    1. Ce qu'il vaut mieux éviter

    Vous demander continuellement si ce n'est pas votre faute si votre partenaire boit. Certains buveurs osent parfois l'affirmer, lors de disputes ou en-dehors. Dans votre relation, et en dehors de l'alcool, il y a sans doute déjà eu des tensions et des conflits, où chacun de vous deux a aussi eu sa part de responsabilité. Cependant, ce n'est pas votre faute si votre partenaire boit. Boire, il.elle le fait seul.e, et ce n'est pas de votre faute.

      1. Ce que vous pouvez faire

      Vous interroger sur la part de responsabilité que vous avez dans ce qui maintient la consommation de votre partenaire, pour que vous puissiez identifier les facteurs sur lesquels vous avez la possibilité de prendre prise. Vous pouvez, par exemple, vous interroger sur certains de vos comportements qui entretiennent la consommation dans la maison :

        • dans la manière de faire les courses,
        • dans la planification des repas (notamment de famille),
        • sur le maintien d'une réserve d'alcool à la maison,
        • dans les habitudes de consommation en couple ou en groupe, lors de sorties…

      Dans la gestion des conflits, également :

        • éviter les "escalades", en mettant fin à la discussion avant que ça ne dégénère,
        • aborder ce qui vous pose problème lors des moments calmes plutôt que dans les moments de crise,
        • utiliser des outils de résolution de conflit (comme, par ex.,  la Communication non-violente),…

      Vouloir sauver le partenaire

        1. Ce qu'il vaut mieux éviter

        Ne présumez pas que vous êtes capable de résoudre le problème d'alcool de votre partenaire. Vous pouvez faire tout ce que vous voulez, vous ne pourrez pas le.la «sauver». C'est-à-dire que vous ne pouvez pas l'amener à arrêter sa consommation excessive d'alcool, malgré lui ou elle. Il n'y a qu'une seule personne qui soit en mesure de le faire : c'est votre partenaire et lui.elle seul.e.

          1. Ce que vous pouvez faire

          Exprimer votre inquiétude quant à sa consommation, et ses conséquences, en parlant de vous et de ce que ça génère en vous. Lui dire que vous ne pourrez pas le.la faire arrêter, mais que s'il ou elle s'engage dans cette démarche, que vous pouvez le.la soutenir dans ses efforts vers une reprise de contrôle, voire une abstinence. Vous offrir comme soutien "logistique" (par ex., lui proposer de prendre un rendez-vous pour lui auprès d'un alcoologue), toujours avec son accord explicite,… 

          S'adapter aux comportements de consommation du.de la partenaire

            1. Ce qu'il vaut mieux éviter

            N'essayez pas de résoudre tous les problèmes découlant de la consommation de votre partenaire. Vous l'avez peut-être fait quelques fois, au départ de bonnes intentions, ou parce que vous vouliez vous montrer «solidaire» de votre partenaire. Une troisième possibilité est que vous aviez honte et que vous essayiez de cacher le problème aux autres.

            Le fait de continuer à agir ainsi de manière systématique n'aide pas le buveur à reconsidérer sa consommation. En effet, ce dernier ne se rend alors que relativement peu compte des inconvénients liés à sa consommation. Or, ce n'est qu'après avoir pesé le pour et le contre qu'interviendra la décision de changer de comportement. Si vous éliminez la plupart des inconvénients, cela ne peut pas faire naître une motivation pour changer ses habitudes de consommation.

              1. Ce que vous pouvez faire

              Veiller à votre propre sécurité est fondamental : cette sécurité peut être physique, mais également mentale :

                • en veillant à votre bien-être,
                • en évitant le stress d'une situation embarrassante,
                • en ne sacrifiant pas le temps et les activités que vous menez pour vous,
                • en prenant distance, le cas échéant,…

              et sociale :

                • En veillant à vos finances,
                • En ne vous isolant pas d'ami.e.s et de soutiens,
                • en continuant à organiser votre vie autour d'activités qui sont sources de plaisir pour vous,…

              Au contraire de vous adapter, il est recommandé d'identifier les limites dont vous avez besoin, et vous entrainer à les exprimer de façon claire et assertive. Dans ce cas, il n'est pas utile de parler de la consommation de l'autre, mais bien de montrer les conséquences que "son" alcool peut avoir sur votre vie. Dans le même ordre d'idée, vous ne devez pas accepter la violence, si votre partenaire montre des comportements de cet ordre, à votre égard ou dans votre environnement.

              2. Que faire s'il y a des enfants ?

               

               

              Si vous avez encore des enfants, ils sentiront sans aucun doute, tôt ou tard, que quelque chose ne va pas. Ils peuvent aussi se retrouver directement confrontés aux aspects les moins reluisants de la consommation d'alcool de votre partenaire.

              Essayez, dans tous les cas, de leur expliquer ce qui se passe. Le mieux est de le faire dans un moment où vous êtes assez calme vous-même. Essayez de parler de façon adaptée à leur âge, pour qu'ils puissent "donner du sens" sur ce qu'ils vont invariablement observer. Par contre, ne leur demandez pas de tenir un rôle, ou de prendre parti, dans les problèmes relationnels que vous rencontrez avec votre partenaire. Il vaut mieux résoudre ces problèmes avec votre partenaire ou avec un autre adulte de confiance (proche ou professionnel).

              Tous les enfants peuvent réagir différemment. Certains ont l'illusion de pouvoir résoudre les problèmes d'alcool de leurs parents s'ils font "de leur mieux". Certains se fâchent, commencent à se renfermer et se rebellent. Si vous observez ce genre de comportement chez votre enfant, c'est que celui.celle-ci nécessite plus d'attention et d'autorité de votre part. D'autres encore «feront comme si de rien n'était» ou essaieront de détourner l'attention. Faites clairement comprendre aux enfants qu'ils ne sont pas responsables et qu'ils ne peuvent rien faire pour les problèmes d'alcool de votre partenaire. Essayez d'écouter ce qu'ils ressentent par rapport à l'ensemble de la situation et quelles sont les solutions qu'ils trouvent pour prendre soin d'eux-mêmes. S'ils se rebellent, voir se montrent violents, vous devrez également leur fixer des limites.

              Les enfants ne rencontrent pas automatiquement les mêmes problèmes que leurs parents en grandissant. Avoir un parent alcoolique ne signifie pas automatiquement qu'ils auront eux-mêmes des problèmes d'alcool. Ils peuvent y être plus sensibles parce qu'ils ont vu que l'alcool peut être consommé pour composer avec des problèmes. Mais, d'un autre côté, ils peuvent se rendre compte que cela ne résout jamais les problèmes et qu'au contraire cela les aggrave.

              3. Quand les choses vont trop loin

               

              Lorsque les tensions sont vives entre vous et votre partenaire, ou lorsque les problèmes d'alcool traînent en longueur, cela peut être destructeur pour vous-même :

                • vous commencez à douter de tout,
                • vous avez l'impression de tourner en rond,
                • vous pouvez aussi parfois éprouver de la rage et souhaiter secrètement la mort de votre partenaire.

              Ces sentiments sont généralement un signe que vous avez dépassé votre limite.

              Vous pouvez commencer à penser à rompre la relation avec votre partenaire, voire à divorcer. Si vous deviez prendre cette décision, vous seriez dans votre bon droit. Mais vous seul.e pouvez prendre cette décision. Même si vous avez un certain nombre de personnes de confiance dans votre entourage immédiat, il peut toujours être intéressant de parler avec une personne extérieure (travailleur social, psychologue,...), et de prendre conseil auprès d'un avocat si vous êtes engagé.e devant la loi.

              Si les choses devaient gravement dégénérer avec votre partenaire, vous pourriez envisager une «admission forcée». Cependant, vous devez savoir que cela peut être une procédure lourde. Les avantages d'un tel traitement forcé ne sont pas toujours aussi importants qu'il pourrait paraître à première vue. Mais, parfois, on n'a pas non plus d'autre choix.

              4. Où pouvez-vous trouver de l'aide ?

                • En premier lieu, vous pouvez en parler avec votre médecin, qui peut éventuellement vous orienter vers une aide plus spécialisée.
                • Vous pouvez vous rendre dans un centre de planning familial proche de chez vous ; ces équipes pluridisciplinaires sont spécialement formées pour aborder les questions du couple, et peuvent vous accompagner face aux difficultés que vous rencontrez.
                • Vous pouvez contacter Infor-Drogues ou tél. au : 02 / 227 52 52. Vous pouvez y poser (anonymement) toutes vos questions et obtenir une adresse de référence dans votre région. Permanence téléphonique de 8h à 22h du lundi au vendredi et de 10h à 14h le samedi.
                • Vous pouvez vous adresser 24h/24 à Télé-Accueil au numéro 107. Ce service peut aussi vous fournir des adresses utiles. Vous pouvez, par ailleurs, laisser un témoignage si vous le souhaitez.
                • Un certain nombre de services comme les Centres de bien-être général, les CPAS..., offrent, tout comme le médecin de famille, une prise en charge et un soutien de première ligne.
                • Dans votre région, vous pouvez généralement trouver un Centre de santé mentale. Parmi ces centres, certains sont spécialisés dans les problèmes d'abus de substances illicites. Ces centres prennent également en compte les partenaires et les membres de la famille de personnes souffrant de problèmes liés à l'alcool. Enfin, ils reconnaissent l'ampleur du problème en général plus tôt que les buveurs eux-mêmes. Certains CSM organisent également des réunions de groupe pour les partenaires.
                • Vous pouvez vous rendre au cabinet privé d'un psychiatre / psychologue / psychothérapeute. Vous pouvez très bien demander au thérapeute s'il connaît suffisamment la problématique de l'alcool.
                • Vous pouvez également faire appel à un groupe de soutien, comme Al-Anon (issu des AA, mais il s'agit d'une organisation indépendante). Tél. : 02/216.09.08 (tous les jours de 9h à 22h).
                • Si vous avez des questions sur des matières juridiques, vous pouvez vous adresser à votre Maison de Justice locale ou à un avocat.

               

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